jeudi 29 octobre 2009

Le lâché prise :

A mon sens, le mot d’ordre de la méditation, c’est le lâché prise. Il faut même arriver à lâcher prise sur le fait de savoir si l’on fait une bonne méditation ou pas. En fait de ce que je crois, c’est qu’il n’y a jamais de mauvaises méditation, que vous soyez dans une méditation avec ou sans pensée, il ne faut même pas avoir l’intention d’éradiquer les pensées, elles viennent.

Il faut même lâcher l’idée que ces pensées partent. A mon avis il est aussi important de lâcher prise sur sa posture et ne pas nous efforcer de maintenir à l’excès une posture qui nous fait mal et ne pas avoir de retenu à bouger si nécessaire pour trouver une assise plus confortable, tout en essayant de demeurer dans la Vue, la Présence de Rigpa.

Mon avis étant que si l'on résiste trop, dans un sens d'exprimer trop un vouloir s'accrocher, soit le cran juste en dessus de la ténacité du coeur à l'ouvrage, le risque est important de renforcer l'égo que l'on cherche justement à "dissoudre".

Lâcher prise aussi sur l’idée de ce qu’est un bon pratiquant, un bon méditant, de ce qu’est une bonne pratique, de la pratique juste, ou l’idée, la pensée, que ce n’est pas pour nous, que l’on y arrivera jamais, donc lâcher prise sur la colère qui peut survenir en nous lorsque notre corps nous envoie un fort signal qu’il a mal, qu’il n’en peut plu, qu’il faut bouger, pourquoi l’on arrive pas à dépasser ses courbatures, les tensions de notre corps et pourquoi toutes ces pensées viennent encore et encore m’assaillir.

Tous ces concepts forts utiles, ne sont que des pistes, des degrés, des jalons importants, nécessaires mêmes, un langage à l’intention du pratiquant. C’est un peu comme la croissance d’un enfant, voilà il a trois ans, il est dans la toute puissance, à sept ans c'est l'âge de raison, oui l’adolescence est difficile, ou c’est un adulte père de famille, il est responsable.

Pour ma part, je trouve qu’une des principales difficultés réside de n’avoir pas le choix de devoir travailler simultanément sur deux plans en même temps ( voir ci-dessous Appendice 1). D’une part devoir éprouver notre karma, comprenant les pensées, émotions, interactions avec les autres, le monde, l'univers, tout en s’assimilant à la pratique. Mais en même temps, si il n'y avait pas cette difficulté, il n'y aurait probablement rien à pratiquer ou sur quoi pratiquer.

Lâcher prise est un terme, tout comme lorsque l’on dit, ceci est le Dharmakaya, ceci est le Sambhogakaya, ou j’essaie d’atteindre la Bouddhéité ou le corps d’arc-en-ciel, le yoga du sommeil, ou la bonne pratique de samatha, tous ces concepts seront à la fin, à surmonter et à laisser tomber, car il faut à mon sens même lâcher prise sur le concept que l’illusion est l’illusion, il faut lâcher prise sur tout, car se ne sont pas des objets que l’on attrape, que l’on peut saisir et s’emparer.

Lâcher prise aussi sur l’illusion lorsque l’on se dit : Aaaah ! Là je vois bien que tout ce qui m’entoure est illusion et je vois bien que je me rêve.

Je dirais qu’il faut aussi lâché prise sur le lâcher prise, ou plus exactement sur l’idée que l’on se fait de ce qu’est le lâché prise correct, où ce qu’est sans pensée, où ce qu’est la réalisation.

Il y a cette fameuse histoire d’un royaume himalayen, il y a longtemps, ou l’eau était polluée et où l’effet de ceux qui buvaient cette eau, devenaient fous.

Le Roi qui ne voulait pas sombrer à son tour dans la folie, fit faire de grande réserves d’eau non polluée par cet étrange sortilège, jusqu’au jour où tous ces sujets jusqu’à ses proches et ses ministres, tous sans exceptions finirent par boire de cette eau.

A ce point il s’est rendu compte qu’il ne pouvait plus du tout entrer en communications avec son peuple et ceux proches qui l’entouraient.

Le Roi finalement cessa de s'accrocher à ses peurs, lâcha prise et bu de cette eau et pu à nouveau communiquer avec tous ses sujets.


PS: Je ne connais qu'une seule pratique chrétienne, mais qui me semble t'il n'est pas usitée par les catholiques, mais qui peut-être d'un certain point de vue pourrait s'apparenter à une tentative de s'exercer au lâcher prise, soit: le parlé en langue. Mais je note cette information uniquement par souci d'équité, car je n'ai pas la moindre idée, ni reçu aucune information, ni confirmation de la justesse de l'hypothèse que j'aborde ici.


Le lâché prise - Appendice 1:


Je commence par la fin, tout nous ramène à un point.

Non seulement nous sommes confrontés quotidiennement à l'obligation de faire à chaque instant des choix, mais nous dépendons également des choix des autres et des réponses qu'ils nous renvoient, éventuellement suite aux actions que l'on a mèné et qui par nos choix touche leur sphère.

En fait, nous pratiquants bouddhiste, sommes pris en sandwich entre deux hélices (roues) samsariques, distinctes et notre propre hélice (roue) de pratiquant bouddhiste. Ces deux premières hélices à pales multiples, tournent constament chaque instant, leur bruit est assourdissant, c'est un grand manège fou et délirant de confusion. La première de ces deux hélices est notre vie samsarique, notre JE, notre moi, notre égo.

La seconde hélice samsarique, c'est l'ensemble comprenant ici tous les autres humains, les animaux et plus globalement tout notre univers matériel connu, composé des étoiles, des planètes, des trous noirs, des galaxies, du vide interstellaire, de toutes les autres particularités astronomiques et autres vies extraterrestres et naturellement où notre hélice personnelle y est incluse.

Ces deux hélices samsarique supperposées tournent à une vitesse phénoménale dans le même sens.

Puis entre ses deux hélices / roues, se trouve une troisième, aussi à pales multiples (chaque pale équivaut à un point de vue d'angle différent), qui bien que tournant aussi à une très grande vitesse, tourne néamoins dans le sens inverse des deux précédentes, c'est notre hélice de pratiquant bouddhiste.

Si nous pouvions voir cela d'un point de vue extérieur, nous verrions un ensemble d'une complexité extrême, un peu à l'image de la machine du CERN, le grand collisionneur à Hardyon, que manipule les physiciens qui se sont lancés dans la recherche de l'ultime particule se trouvant au départ de la chaîne de la matière, ce qui à mon sens est une vaine recherche, sans limite ni fin, auquel il n'arriveront sans doute jamais à trouver la réponse ultime.

Ainsi vivant dans cet ensemble complexe, nous sommes continuellement, la plupart sans le savoir, sous le jouc d'une double contrainte double.

Dans cette vision globale, tout m'apparaît comme étant simultanément le centre et la périphérie et lorsque l'on est les deux à la fois, le centre et la périphérie, alors ça s'annule.

Ce n'est pas quelque chose qui amène à une explication, ça se ressent et ça ce vit.

D'un autre point de vue (vous vous souvenez, les pales multiples), la manière la plus accessible de le dire, c'est qu'il n'y a ni centre, ni périphérie. Il suffit de demeurer, d'être juste là..... Aaaah!

Thp / Tindzin Lhawang - le vendredi 30 et samedi 31 octobre 2009

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